La photo de sport ce n’est pas de l’art ? [Partie 3]

Suite de l’article : La photo de sport ce n’est pas de l’art ? [Partie 2]

La photo de sport et les expositions

Tout le monde est capable de citer de grands noms de la photo, mais personne ou très peu de gens sont capables de citer de grands photographes de sport. C’est parce qu’il n’y en a pas ? Bien sûr que si. Seulement ce style photographique est mis de côté, car pas assez noble pour beaucoup de personnes.

Si vous regardez autour de chez vous, il n’y a pas ou peu d’expositions de photos sur le thème du sport. Là encore une preuve que la photo de sport ce n’est pas de l’art ? Non, c’est surtout la preuve que ça intéresse moins le public qui, de plus, méconnaît ce style photographique. Et c’est le signe aussi qu’il est plus compliqué de monter une exposition juste autour du thème du sport.

Les gens qui vous permettent d’exposer seront réticents si vous leur proposez de la photo de sport. Bien plus que si vous leur proposez une série de photos en noir et blanc ou sur des vieux Péruviens assis devant leur maison…

Sachant qu’il existe un nombre limité de photographes souhaitant exposer des photos de sport, on n’est pas prêt de voir du sport à l’affiche dans les grandes galeries d’exposition ou même les plus petites.

La responsabilité des médias

La photo de sport est souvent assimilée à la photo de presse, à raison. C’est dans l’actualité que la photo de sport est le plus souvent mise à l’honneur. Et les photographes de presse sont payés pour faire de la photo de presse, pas des tirages d’art. Quelques rares médias ont encore une culture de la belle photo de sport, mais c’est de plus en plus rare. Les rédactions préfèrent des photos moyennes qui arrivent rapidement dans leurs archives, à des photos artistiques de qualité. Vous avez même des personnes qui n’y connaissent absolument rien en photo et sont en charge de faire des choix. Malheureusement, pour ces gens, il y a peu de différences entre une mauvaise photo floue et une photo de qualité…

Tout ceci impacte directement sur le regard des gens envers la photo de sport. Non seulement on ne voit pas ou peu de photo de sport en exposition, mais dans la presse en général, ce style photographique n’est pas non plus mis en valeur. Il en résulte une expression d’infériorité par rapport à d’autres domaines en photo.

Il vous suffit d’assister à la grand’ messe qu’est le salon de la photo chaque année à Paris Porte de Versailles pour comprendre ce phénomène. Sur l’ensemble des photos mises en avant dans ce salon, vous ne trouverez pas de photos de sport. En revanche des paysages, des portraits et surtout du noir et blanc, vous en trouverez un peu partout dans le hall qui accueille cet événement.
Donc oui, la photo de sport est le parent pauvre de la photographie, comme la photo de nature a pu l’être à une certaine époque. Mais heureusement pour cette dernière, elle est de plus en plus considérée et mise en avant.  Ce qui donne aujourd’hui un niveau exceptionnel en France et de nombreuses personnes s’y intéressent de plus en plus. Il n’y a qu’à voir le nombre de magazines de nature qui pullulent désormais chez vos marchands de journaux préférés.

C’est une excellent chose et j’aimerais sincèrement que la photo de sport puisse suivre une telle dynamique un jour. Et ainsi être fier d’être un photographe de sport et susciter des vocations chez les plus jeunes. Il serait aussi très intéressant que la gente féminine s’accapare ce style photographique pour le faire progresser au-delà de la simple pensée masculine, comme c’est le cas actuellement.

La photo de sport est un art qui ne demande qu’à être accessible au plus grand nombre.

Gauthier Darrigand – JSA Bordeaux – Salle Jean Dauguet – Bordeaux – Gironde

Sur la photo ci-dessus, j’ai cherché à capter le moment où le meneur de jeu (Gauthier Darrigand en blanc) déborde son adversaire direct. La problématique est de réussir à avoir les 2 joueurs dans le cadre sans aucun élément extérieur gênant. Sachant qu’un terrain de basket n’est pas bien grand et qu’il contient pas moins de 10 joueurs plus les arbitres, on peut mesurer la difficulté à réussir ce style de photo d’action, simple en apparence.