Celui qui était pressé
Parfois on aime bien être seul pour se ressourcer, sans personne dans les parages. Il faut croire que ce sentiment n’est pas propre à l’homme. Je connais un cygne qui aime cette tranquillité, du moins c’est ce que je suppose. Les cygnes vivent parfois en grande colonie, mais pas celui que je côtoie saison après saison sur ce petit bout de rivière. Pourtant, à quelques centaines de mètres, plusieurs dizaines de ses comparses vivent en groupe.
Quand je débarque avec mon affût, je fais en sorte de ne pas le déranger. Et c’est la moindre des choses, parce que ça me gonflerait de voir débarquer un cygne chez moi avec pertes et fracas. Bon y a quand même peu de chance étant donné que le code d’entrée de mon bâtiment a été récemment changé.
Avec un minimum de calme, mon « collègue », tolère ma présence et me laisse monter mon affût. En général je m’installe à cet endroit pour photographier le martin-pêcheur d’Europe. Enfin quand il veut bien montrer le bout de son bec. Ce matin là, l’ami martin me pose un lapin… Heureusement le cygne lui est toujours dans le coin.
Je profite du jour qui difficilement se lève pour lui tirer le portrait. L’intérêt reste tout de même limité, le cygne n’adopte pas d’attitude en particulier. Il flotte, il broute des algues et c’est à peu près tout… Heureusement un court moment de toilette me permet de réaliser une image qui me plaît.
Ce sera ensuite le calme plat. Jusqu’à ce qu’un objet flottant et sombre s’approche de lui. Au travers des mailles du filet de camouflage posé sur l’affût, j’ai du mal à visualiser le truc qui s’approche. La lumière manque à cette heure de la journée…
Dans un éclair, le cygne se retourne pour chasser violemment l’intrus… un grand cormoran. Malheureusement, je n’ai eu ni le temps ni la possibilité de saisir cet instant furtif. Je m’en mords les doigts, mais je sais aussi que vu le manque de lumière, peu de chance que je réussisse à saisir correctement la scène. Cependant je reste persuadé d’avoir loupé une superbe photo…
Le jour se lève pour de bon et il ne se passe toujours rien, je commence même à sommeiller. Difficile pour moi de rester inactif dans l’affût. Heureusement, l’arrivée d’un héron stoppe ma léthargie. Il est encore loin de moi sur la berge opposée, mais trop content d’avoir un peu d’activité, je tente quelques prises de vue. Sans trop de précipitation, pour ne surtout pas l’effrayer.
Pendant ce temps, mon pote le cygne est toujours dans le coin et il flotte, il broute des algues, enfin la routine quoi. La présence du héron ne semble pas le déranger. Mais ça c’était avant qu’il ne s’approche de trop. J’étais concentré sur le héron pour le photographier sous toutes les coutures quand le souffle rauque du cygne se fit entendre. Le héron est entré dans la « zone interdite » et le cygne commence à le pourchasser.
De mon côté, je sens que j’assiste à une belle scène de nature et je tente quelques photos, en essayant d’avoir à la fois le cygne et le héron pour que les futurs « lecteurs » de ma photo situent l’action. Puis c’est l’attaque finale, les grandes pattes du héron ne lui suffisent pas à s’échapper en marchant. La seule échappatoire pour lui consiste à s’envoler avec la peur de se faire chopper quelques plumes au passage. Je déclenche pendant le vol et à l’atterrissage. La vitesse d’obturation est faible et j’espère qu’elle est suffisante pour avoir au moins la tête du héron et une petite partie du corps de nettes. De retour à mon domicile, j’ai pu m’assurer de la netteté relative sur l’écran et j’ai sauvé une matinée pourtant mal débutée… Ouf !!!
Une bien belle histoire effectivement ! et de belles photos.
Merci beaucoup. 😉
J’espère avoir l’occasion d’en faire de plus belles encore en 2013 !!!
Une bien belle histoire finalement. ouf !
Merci. 😉
Comme quoi parfois à quelque chose près on passe d’une séance photo décevante à une séance magnifique. Si j’étais partis un peu plus tôt pareil, j’aurais tout loupé.