Tous les mois, je vous propose cette nouvelle rubrique. Le principe : je choisis une photo qui me tient à cœur et je partage avec vous son histoire. Mon récent article sur le post-traitement (https://mickaelbonnami.com/photoshop-cest-pas-obligatoire-coulisses/) m’a donné cette idée, j’espère qu’elle vous plaira.
J’ai toujours aimé en savoir plus sur les photos qui me plaisent, je trouve ça très fédérateur. Dans le récit d’une photo, il y a un toujours un petit côté magique et grisant qui donne envie de faire de même avec son appareil photo. Ici, comme vous l’aurez compris, le but n’est pas de faire un descriptif technique de A à Z, mais bien de conter l’histoire d’une photo de sa conception à sa réalisation. Grâce cette rubrique, je souhaite susciter auprès de vous, lecteurs curieux, un réel intérêt pour la photo. Le but est de vous démontrer qu’une photo est plus qu’un bête appui sur un bouton.
Celui qui était haut perché
Tout commence par une accréditation pour le Décastar 2012, les 14 et 15 septembre derniers, une compétition internationale de renom. Chaque année, les meilleurs athlètes de la planète viennent s’affronter à Talence , dans la banlieue bordelaise, en Décathlon pour les hommes et en Heptathlon pour les femmes. Avant cette compétition, je n’avais encore jamais suivi d’athlétisme à travers mon objectif. Pourtant, depuis longtemps j’avais envie de m’y essayer. Une discipline me faisait particulièrement envie : le saut à la perche.
Quelques jours avant le jour J, j’ai essayé d’imaginer un certain nombre de situations et de photos à réaliser. Non pas pour m’imposer un cahier des charges et ne plus avoir qu’à déclencher une fois sur place, mais plutôt pour essayer de me préparer aux situations que je souhaite saisir et les éventuelles difficultés que je vais rencontrer. Bien sûr, comme souvent, la pratique apporte son lot de problèmes inattendus. Mais en se préparant un minimum, on peut réduire ces petits tracas de photographe.
Tout ça pour dire que je suis arrivé sur place avec quelques idées en tête, comme celle de faire des photos aériennes du saut à la perche. Je voulais saisir un franchissement de barre dans un angle original, autrement dit, pas en contre-plongée depuis le matelas de réception. Je souhaitais saisir ce point de vue en hauteur voire en étant au-dessus du perchiste, tout en sachant que je n’aurais probablement pas cette possibilité de point de vue sur place.
N’arrivant pas à faire ce que je souhaitais pendant le concours du lancer de disque, je décidais d’aller me reposer dans la tribune presse. Il y avait de l’ombre, un petit air frais et des bouteilles d’eau bien fraîches, ce qui est toujours plus sympa que de brûler sous un soleil de fin d’été. Depuis ma place réservée, j’ai une vue sur tout le stade et je contemple au loin le déroulement du lancer de disque.
Plus bas, une multitude de bénévoles s’agitent et partent en direction du terrain. Je sens qu’il va se passer quelque chose, mais quoi…? Et comme parfois la chance et la réussite sont au rendez-vous pour servir le photographe, les bénévoles étaient chargés de démonter l’ensemble des équipements du saut à la perche pour les rapatrier de l’autre côté du stade. Plus précisément, pile devant la tribune spectateurs et presse. Vous voyez où veux en venir ?
Toujours au frais, je me délecte d’avance de savoir que de nouvelles possibilités photographiques vont s’offrir à moi pour ce concours tant attendu. Bien content d’être en tribune, j’ai de la compassion pour les bénévoles qui suent en installant le matériel !
Le montage fini, je fais quelques tests photos à vide. Le point de vue me plaît, la distance est bonne pour ma focale fixe de 180mm et mieux encore, j’ai la possibilité d’avoir un fond sympa grâce à l’herbe verte du terrain. Je vais peut-être avoir LA photo que je souhaitais faire quelques jours auparavant.
La journée se poursuit et je continue de suivre le déroulement des épreuves hommes et femmes. Puis vient le moment fatidique de ce fameux concours à la perche. Je commence à photographier en bas du sautoir pour réaliser d’autres styles de photos, notamment des clichés d’athlètes accrochés à leur perche au moment où la flexion est maximale. J’ai aussi tenté quelques tests de « filé » sur des perchistes en pleine course, mais sans succès…
Sur ce, je récupère mon sac photo et je file en tribune. Je me mets en place là où j’ai pris mes marques plus tôt dans la journée. Je me fais la main et l’objectif sur quelques passages de perchistes et j’essaye d’améliorer l’angle de vue tout en saisissant l’action.
Le saut de l’athlète tchèque, Adam Helcelet, vient concrétiser ma recherche. Il rate son passage de barre et l’expulse dans son sillage. Je saisis ce moment furtif et je vérifie rapidement sur l’écran de mon boîtier que tout est bien là. Le fond est ok, la position est aérienne, le perchiste est bien dans le cadre, tout semble en apesanteur… Le résultat me convient et ce fut l’une de mes toutes dernières photos de cette édition 2012 du Décastar.
A bientôt pour un prochain épisode. 😉