Celle qui était la plus rapide
La fatigue se fait présente, l’envie de rentrer pour me reposer est quasiment égale à mon envie de rester et vivre encore de beaux moments de sports. Mais je suis toujours au milieu de l’arène et j’entrevois l’opportunité de faire une superbe photo et d’être le seul photographe sur place, jusqu’à preuve du contraire, à l’avoir anticipée. Il me faut vite trouver la bonne position et la bonne composition, il va se passer quelque chose… C’est le moment, tout y est, allez vas-y déclenche !!!
Avant d’en savoir plus, je vous propose un petit retour en arrière. L’action se déroule le 23 février 2014 en fin d’après-midi au vélodrome de Bordeaux-Lac pour les championnats de France d’Athlétisme. Je couvre l’évènement dans son intégralité. Deux jours à marcher, ramper, porter du matériel lourd et prendre des photos dans des positions parfois très inconfortables, le tout au milieu des meilleurs athlètes français. Il y a du mouvement partout, plusieurs épreuves se déroulent en même temps et il faut faire attention à ne pas gêner les caméras de télévisions, les autres photographes, les juges et surtout les sportifs qui courent, sautent et bougent un peu partout autour de moi. Une vraie spirale infernale dans laquelle il ne faut pas se laisser happer au risque de passer complètement à côté de l’évènement.
Mais ce genre de compétition et d’ambiance, c’est vraiment ce qui me motive le plus ! Passer des heures à photographier du sport en vase clos, c’est quelque chose qu’il faut vivre au moins une fois dans sa vie. Pendant de nombreuses heures, le monde extérieur n’existe plus et il y a vraiment un souci d’acclimatation lorsque la compétition s’arrête. Le retour dans le monde réel est toujours violent et difficile, du moins c’est comme ça que je le ressens. Il me faut bien 48h à chaque fois pour revenir sur terre et ne plus être obnubilé par ma dernière expérience de photographe de sport.
Photographier un tel évènement demande beaucoup d’énergie et de concentration, il ne faut surtout pas louper un grand moment. Pour cette même raison, on s’alimente plutôt mal sur place de peur de louper LA photo. Se rendre compte qu’on a manqué bêtement un très grand moment de sport alors qu’on déguste tranquillement un sandwich à la buvette avec son matériel photo posé sur une chaise de bar, c’est vraiment déprimant… Aucun retour en arrière n’est possible…
Du coup, on mange rapidement et on ne s’alimente que très peu. Sur ces championnats de France, le second jour, je n’ai pas pu m’acheter un sandwich parce qu’il y avait trop de monde à la buvette. La presse n’avait pas de passe-droit pour aller manger comme ça se pratique régulièrement. Mon régime pour la journée tenait dans un verre en plastique rempli de bonbons et de gâteaux, le tout récupéré furtivement en salle de presse pour ne rien manquer des épreuves sportives.
En résumé, le stress, la demande d’énergie et la concentration requise à tout instant sont autant de facteurs à maîtriser pour survivre sur une telle compétition. Et je serais tenté de dire qu’il est d’autant plus difficile de sortir de bons clichés dans ces conditions. Mais quand on y arrive, c’est d’autant plus gratifiant. Et c’était bien là mon objectif sur ces deux jours d’athlétisme à Bordeaux. Maintenant que vous êtes un peu plus dans l’ambiance, revenons-en à mon histoire.

Gaël Monfils imite à merveille le photographe qui explique ce qu’il a pu manger sur une journée de compétition
En fin d’après-midi, il est toujours plus compliqué de se forcer à rechercher la bonne photo, l’envie s’estompe à cause de la fatigue et on se lasse de déclencher sans réussir à se renouveler après une longue journée de photo. On a l’impression d’avoir fait 1000 fois le même cliché. Quand je suis dans cet état d’esprit, je décide en général de me servir de cette faiblesse comme une force. Je n’ai plus envie de déclencher pour rien, donc je choisis vraiment de façon encore plus drastique ce que je dois prendre en photo. Mieux encore, je fais jouer mon imagination pour « créer » la photo en anticipant une possible situation.
La finale du 60m haies approche, dans ce type d’épreuve tout se passe très vite. Dans les séries, j’ai repéré une sportive intéressante avec des attitudes plutôt expressives, tout ce que j’aime en somme. De plus, cette fille semble être une des meilleures si ce n’est la meilleure. A l’heure de la finale, j’ai pu prendre quelques renseignements et effectivement Cindy Billaud est la meilleure dans sa discipline. Potentiellement, la future championne de France.
Je décide de me rendre en face de la ligne d’arrivée dans le virage de la piste du vélodrome. En étant en haut du virage, on peut aussi « fixer » la ligne d’arrivée tout en passant au-dessus du tapis de réception. Je veux saisir une attitude de la gagnante sur la ligne d’arrivée, mais je n’y crois pas plus que cela. La prise de vue est difficile et si la gagnante se rapproche trop du tapis, je ne peux plus l’avoir dans le viseur. Avant la course, je sais déjà qu’il me faudra me concentrer sur une attitude après la victoire. La présentation des athlètes vient de se terminer dans l’écran géant de la salle, les filles sont dans les starting-block.

Si vous ne réussissez pas à rester concentrer sur votre objectif, attention à ne pas boire la tasse comme Stéphane Plaza
Le silence gagne les travées de la salle, le starter fait les annonces jusqu’à ce qu’un coup de feu… assourdissant. Pendant ce temps, mon cerveau et mes yeux sont monopolisés par l’évolution de Cindy Billaud sur la piste. Je déclenche plusieurs fois pour saisir un beau geste sur le passage d’une haie. La course est finie, je n’ai même pas eu 8 secondes pour faire des photos… Dès le passage sur la ligne d’arrivée, je me précipite en bas du virage pour m’approcher de la championne. Tous les photographes présents font de même. Petit à petit un vrai troupeau se masse autour des filles à l’arrivée. Je déteste me coller aux sportifs et me battre pour une photo moyenne, pas question pour moi de rejoindre le troupeau. J’attends patiemment que ma chance arrive. Enfin… si elle arrive…
Cindy Billaud est aux anges, elle est souriante et laisse éclater sa joie. Je suis son évolution dans mon viseur sans pour autant déclencher. D’une, parce qu’il m’est impossible de faire une photo avec la nuée de photographes et de personnes autour de la championne ; de deux, parce qu’il n’y a aucune attitude qui m’intéresse.
Mais le moment tant attendu surgit l’espace d’un instant. Cindy se tient le visage, se laisser tomber sur les genoux et dirige son magnifique regard vers le ciel, comme si elle ne réalisait pas ce qui lui arrive. Dans le champ j’ai deux photographes et pas des moindres, ils vont servir ma composition et « prouver » que ce moment est important. La scène ne dure qu’une ou deux secondes et je n’ai pris qu’une seule photo, mais la seule qu’il fallait prendre à mon sens.
Je m’assure que la photo est bien ok dans l’écran de mon appareil et c’est bien le cas.
Le contrat est rempli, je vais enfin pouvoir rentrer pour me reposer, je l’ai bien mérité non ?
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magnifique article et magnifique photo , pardon, magnifiques photos !
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me lire. 😉
Bonjour Mickaël. Tres bel article au fet je pense pendant tes stages tu devrai proposer stage écriture aussi lol. Vraiment magnifique article on ressent bien l intensité de la photo de sport. Quand a la photo de tonfils lol Monfils je pensais que tu allais mettre « monfils imite à merveille le photographe qui passe a ca de La photo. » Bref je vais bien je me suis regaler hier en regardant Guingamp-Monaco quel beau match quel envie de la part de Guingamp!!!!!!!pourtant je suis pour Monaco mais la il n y a rien a dire juste respect pour les brettons. Ensuite une question se pose J ai une superbe amie a Guingamp qui etudie a Rennes…..!!!!!Du coup je soutiens qui pour la finale moi eeee?????
Merci pour le compliment. 😉 Je vais y penser aux stages écrivez pour votre blog. lol