Voici le grand retour de la rubrique « Une photo, une histoire » !!!
Le principe est simple : je prends une de mes photos marquantes (techniquement, artistiquement ou émotionnellement) et je vous raconte sa petite histoire.
Toutes les photos ont une histoire, mais certaines sont particulièrement marquantes. Ce sont ces photos que l’on retiens dans une vie de photographe.
Ce ne sont pas forcément les plus belles, mais celles qui ont une vraie âme. 😉
Certaines photos sont au-dessus du lot, parce qu’on a su saisir un moment magique ou une attitude inespérée
Au-delà du cercle arctique
La neige gelée craque sous chacun de mes pas. Le paysage, tantôt blanchâtre, tantôt verdâtre, se déroule sans fin.
Je tourne en rond depuis de longues minutes. Logique en somme, puisque j’arpente la petite île d’Håkøya, située au Nord Ouest de la Norvège.
Le froid est bien présent, mais l’automne est anormalement doux pour cette région septentrionale du globe. Mais si je suis ici, sur cette île, c’est pour une bonne raison. Je suis à la recherche des Moose.
J’aime particulièrement les paysages enneigés, pas vous ?
Peine perdue
En visite dans la région de Tromsø, je souhaitais découvrir les paysages norvégiens, les fjords et la culture de cette région éloignée de tout.
Bien que partant dans l’inconnue, je voulais aussi découvrir la faune locale et tenter de faire quelques clichés. Je rêve de photographier un renard polaire, un rêne ou tout autre animal typique du coin.
Comme je n’étais que de passage, pas simple de savoir où aller pour avoir une chance de photographier un de ces animaux.
Comme j’étais logé chez l’habitant avec Airbnb, je me suis adressé au propriétaire à ce sujet. C’est un norvégien qui vit dans la région depuis deux décennies, donc je suppose qu’il pourra m’aider.
Malheureusement, Stein est un excellent musicien, mais il ne peut m’indiquer de bon spots pour trouver la faune. Il ne sait pas trop où il faut aller pour trouver des renards polaires et visiblement les rênes de la région ne sont pas sauvages…
La discussion avec lui ne m’aide pas vraiment du coup. Mais sans informations, autant chercher une aiguille dans une botte de foin.
Avec son accent anglais atypique, Stein me parle d’un animal que l’on peut trouver à quelques kilomètres à peine et notamment sur une petit île sympa. Je ne comprends pas grand chose à la conversation…
L’animal en question semble être « Mousse » et l’île « Akoya ». Fort de ces maigres infos, je pars faire mes recherches sur le web.
Pas simple de partir dans l’inconnue totale pour chercher des traces de la faune locale…
La sortie du tunnel
Après de longues recherches sur Google Map, « Akoya » n’est autre que l’île d’Håkøya qui se situe à 15min de route du logement. Quant à « Mousse » ce n’est pas une souris mais un animal gigantesque : l’Élan.
Je ne savais pas qu’il y en avait en Europe… J’étais persuadé que cet animal ne vivait qu’en Amérique du Nord et plus particulièrement au Canada.
J’avais tout faux, les élans sont aussi présents en Norvège.
Stein m’a indiqué qu’il y a une petite population d’élans sur Håkøya. Cette dernière est visiblement totalement « contrôlée » par les chasseurs. Comme quoi, même dans les endroits les plus reculée, la faune est persécutée par l’homme…
Suite à ces trouvailles, je me suis fixé pour objectif de trouver un élan et de le photographier dans son élément. Sans pour autant être à mon tour un élément perturbateur de la faune locale.
Ainsi, j’ai parcouru des kilomètres dans le froid, à la recherche de cet animal. Les forêts sont clairsemées et les arbres fins, pourtant je ne trouve aucune trace des élans. Je commence à douter des informations de mon hébergeur…
Heureusement, je prends énormément de plaisir à visiter ces lieux calmes et entourés par les eaux du fjord. Marcher dans le froid est un vrai plaisir pour moi. Je prends le temps de m’assoir sur un arbre mort de temps à autre, pour écouter le silence et profiter de la vue magique.
J’aime marcher dans le calme offert par la nature, ce sont des moments si rares de nos jours…
Nuit polaire
Aux kilomètres de marche, dans des conditions parfois compliquée (VDMDP N°3), s’ajoute les sorties ratées… La fin de mon séjour approche à grand pas, à mesure que le temps d’ensoleillement diminue.
A cette période de l’année, le soleil n’apparaît que 2 à 3 heures par jour seulement. Chaque jour, on perd en plus une vingtaine de minutes. Le jour de mon départ doit être le premier jour de la nuit polaire. Une période où la nuit est omniprésente, au grand dam de la population locale.
Dans cette réelle course contre la montre, je marche sans relâche et scrute l’horizon de mes jumelles. Ces moments sur l’île sont agréables et ils le seraient plus encore si je pouvais voir un élan, même de très loin.
Dans quelques jours, la nuit m’empêchera de photographier cette zone plongée dans la pénombre…
Le nord de la Norvège c’est top, mais en hiver, il fait nuit quasiment tout le temps… Heureusement, les aurores boréales sont là pour animer les nuits !!!
Épilogue
Cette fois encore, je suis resté 3 ou 4 heures sur l’île sans rien voir, pas même un oiseau… Je remonte en voiture un peu dépité, mais c’est le jeu…
Sur la petite route qui entoure l’île, je jette un œil au cas où je vois un élan dans les parages. Sans trop y croire… Au détour d’un virage, j’aperçois une forme bizarre près d’une plaine pentue. Je ne sais pas ce que c’est, mais je m’arrête sur le bas côté.
Ça semble être un animal, mais ce n’est pas très grand. Je charge mon sac photo sur le dos, armé de mon monopode et de mon boîtier photo. J’utilise un filet de camouflage souple pour avancer tel un ninja. C’est bien un animal !!!
Je prends une photo pour l’identifier. C’est un élan !!! Ce moment est magique : j’ai enfin croisé ce géant des forêts ! L’animal était couché, mais s’est levé sur ses grandes pattes à mon « contact ». C’est vraiment impressionnant et un peu effrayant vu la taille de la bête.
Étonnamment, l’animal ne fuit pas. Il s’est rapidement levé alors que j’étais à environ 100m de sa position mais il reste en position sans me regarder avec insistance, alors que je grappille quelques mètres.
Il y a quelque chose qui bouge à côté de l’animal ! Je me déplace latéralement pour photographier dans un meilleur angle. Là encore, c’est mon écran arrière qui sera le révélateur : l’élan est une femelle accompagnée de… son petit.
Un moment magique peu en cacher un autre, je n’aurais pas vu un élan mais deux. Il n’en fallait pas autant pour me combler de joie. Une vraie délivrance alors que je m’étais fait à l’idée de ne pas en croiser.
Je photographie quelques minutes le couple, puis je les laisse repartir tranquillement dans la forêt. Ma présence aura été un peu trop persistante à leur goût et je regrette de ne pas m’être retiré de moi-même un poil plus tôt.
Malgré ce petit bémol, cette magnifique rencontre restera gravée dans ma mémoire. D’autant que j’ai eu la chance de les recroiser quelques jours plus tard, toujours sur cette île perdue au milieu de nul part. Elle sera, désormais, bien présente dans ma mémoire.
Superbe photo et quelle histoire !
J’ai vu un renne en Finlande, mais dans un zoo, donc pas très sensationnel ! :p
Merci à toi. 😉
Oui dans un zoo c’est pas pareil, mais c’est un début, la prochaine fois ça sera en pleine nature. 😉
Une histoire qui se termine bien avec de belles photos. Je préfère l’automne et l’hiver à l’été.
Non , jamais rencontré d’élan hélas.
J’ai les mêmes goûts en terme de saison. Le printemps aussi me va. Y a que l’été que je n’aime pas. Tu n’as pas encore rencontré d’élans, mais qui sait un jour. 😉