Faut-il être un photographe forceur de nos jours pour réussir ?
Est-ce qu’il faut prendre les devants et enfoncer des portes pour qu’elles s’ouvrent ? C’est à ce prix-là qu’on peut réussir et faire de belles choses ?
Vous allez me dire, mais qu’est-ce que réussir quand on est photographe ? 🙂
Ça fait quand même beaucoup de questions non ?
Et bien on va essayer de définir tout ceci dans l’article qui suit alors. 😉
Serrez les dents, ça va bien se passer ! 🙂
Faut-il être un photographe forceur ?
Le photographe forceur, c’est en gros celui qui va faire en sorte d’arriver à ses fins par tous les moyens. Vous lui fermez la porte, il entre par la fenêtre ou la cheminée quoi…
C’est celui qui marchera sur la tête des autres si ça le fait briller, celui qui va s’inventer des talents ou une légitimité, celui qui va faire croire que tout lui réussit alors que c’est une banane, etc…
Je pense que vous pigez le concept. 😉
Pourquoi je vous parle de photographe forceur aujourd’hui, tout simplement parce que je trouve que le talent ne paye pas assez de nos jours. Les réseaux sociaux ont amplifié ce triste constat. Aujourd’hui pour intéresser le monde, il n’est pas nécessaire de produire de la qualité. Pire encore, c’est même probablement un frein dans une certaine mesure… Parce qu’on s’épuise plus vite en fournissant beaucoup de travail.
Comment définir la réussite en tant que photographe alors ? Ben je vous invite à passer au chapitre suivant déjà. 🙂
Si certaines personnes font de l’excellent travail dans l’ombre, malheureusement on ne voit toujours que ce qui est mis dans la lumière…
La réussite du photographe
Vous l’imaginez bien, ce n’est pas moi tout seul dans mon coin qui peut définir le standard de la réussite pour un photographe. 🙂
Mais qui dit réussite dit reconnaissance du public et/ou de ses pairs, au moins un minimum. La réussite attire une petite audience et des personnes qui veulent voir ce que la personne produit et en savoir plus sur elle. C’est quelqu’un qui attire à lui un peu de monde quoi en gros. Ce qui fait qu’il sera sollicité et récompensé de temps à autre par de belles publications, de belles ventes, de belles expos, etc…
D’ailleurs, je vous laisse me dire si à vos yeux j’entre dans cette case ou non. 🙂
Vous allez me dire, c’est facile t’as que des fans sur ton blog. Mais il y a aussi des personnes qui viennent ici pour me dire que je suis une quiche parfois. 🙂 🙂 🙂
Pour en revenir à la réussite, c’est aussi une notion extérieure, parce qu’il est toujours difficile de juger une vraie réussite sans infos. D’un point de vue éloigné, certains photographes semblent avoir pignon sur rue et être des références… Alors qu’en réalité ils ne vivent même pas de cette activité. D’ailleurs, est-ce qu’on ne devrait pas ajouter à la réussite le fait de vivre de son travail ?
Compliqué hein ? Parce qu’il y a des amateurs qui connaissent de vraies réussites dans le monde de la photo. Donc pour moi le fait de vivre de la photo n’est pas une condition… mais quand même. Pour le coup ça assoit un peu plus factuellement une certaine légitimité. Mais attention tout de même parce que le photographe forceur sait en jouer aussi et faire croire qu’il vit bien de son activité.
Un peu de reconnaissance, ça fait toujours du bien !
La technique du forçage
D’expérience, je pense pouvoir affirmer qu’il faut à son tour savoir être un photographe forceur. Rare sont les personnes qui connaissent un peu de réussite sans forcer un peu le passage de temps en temps. Ça semble logique et naturel finalement. Et comme le disait NTM à une certaine époque « si on passe pas dans leurs radios, on fera le tour c’est pas grave » et ça je l’approuve à 100%.
Donc je vais faire une différence entre le forçage naturel et malheureusement nécessaire parfois et le photographe forceur fake.
Beaucoup de photographe et notamment des femmes, ont du mal à percer parfois, parce qu’ils rechignent à user du forçage naturel. Difficile de changer sa nature et de mettre des coups de pied dans les portes quand on est habitué à les ouvrir normalement ou quand on aimerait qu’on nous aide à en ouvrir parfois.
Ce n’est pas un souci exclusivement féminin, mais je sais d’expérience que les femmes seront plus pénalisées encore que les mecs sur ce point.
Mais moi par exemple, j’ai beaucoup de mal à aller chercher des clients et des affaires, alors que si on vient à moi, je pense me débrouiller plutôt très bien. J’essaye parfois de forcer ma nature, mais c’est compliqué. Donc je ne pense pas qu’il faille chercher à être une autre personne, mais apprendre petit à petit à forcer un peu plus fort juste. Parfois un petit coup d’épaule peut ouvrir une grande porte.
Le forceur fake lui va vous faire croire (ou vous laisser croire) que les portes se sont ouvertes seules à lui grâce à son immense talent. Il ne dira jamais qu’il a harcelé des gens ou mis plus bas que terre des collègues pour pouvoir entrer. Il ne vous dira pas non plus qu’il a bénéficié naturellement d’un méga réseau, parce qu’il a eu la chance de naître sous la bonne étoile…
Après avoir cité NTM, je peux aussi citer IAM avec la chanson « Nés sous la même étoile »
Le photographe forceur me fatigue…
C’est notre époque qui veut ça, il faut pouvoir briller et montrer au reste du monde tout ce qui brille en faisant croire que c’est forcément de l’or. Je ne vais pas encore accuser bêtement les réseaux sociaux, parce que même si ce sont eux qui amplifient grandement le phénomène, ce n’est finalement qu’un reflet de la société. Avant les réseaux, il y avait déjà plein de monde qui voulait être juste une vedette, peu importe le domaine.
C’est juste qu’aujourd’hui les gens ont beaucoup plus d’armes pour se démener et montrer tout ce qui brille.
Si vous trainez sur les réseaux, si vous lisez des publications autour de la photo, on va vous montrer des photographes qui parcourent le monde, semblent être heureux et cartonner dans leur domaine. A l’image de ce qu’on voit sur les réseaux, c’est bien souvent faux bien sûr. Mais personne ne va chercher à creuser un peu, tout va trop vite et la facilité l’emporte bien souvent.
J’ai l’impression de parler comme un vieux con, c’est un peu gênant je vous l’avoue. 🙂 🙂 🙂
Mais je ne suis pas réac, je n’affirme pas que le photographe forceur est juste un jeune photographe débordant d’ambition. Le souci ne vient pas de la jeune génération seule. Le forceur c’est juste une personne prête à tout pour être dans la lumière et montrer qu’elle est arrivée. Et il n’y a pas d’âge pour ne pas avoir de dignité…
C’est celui qui fait la une d’un magazine ou une affiche publicitaire avec sa photo donnée gratuitement, mais sans le mentionner bien sûr. C’est celui qui fait croire qu’un éditeur veut absolument de lui alors qu’il l’a totalement harcelé et a réussi à le convaincre qu’il était la meilleure personne pour écrire ce livre. C’est celui fait croire qu’il vole en business class pour montrer qu’il gagne bien sa vie alors qu’il est invité ou même que l’avion ne décolle pas et sert juste pour des shootings du genre. Et je pourrais donner plein d’exemples.
J’ai trainé assez longtemps dans le petit milieu de la photo pour avoir vu des choses pas si belles parfois en coulisse…
Regardez, tout va bien, je voyage souvent et tout est parfait dans mon monde ! Je peux même prendre le temps de glander sur un trampoline avec mon matos photo pendant que vous vous bossez et vous tuez à la tâche.
Et toi alors ?
Vous allez me dire, et toi alors ? Tu fais genre, mais s’il faut t’es un forceur aussi…
Comme on m’a souvent posé la question, je vais vous expliquer pour mon livre chez Eyrolles et aussi pour Empara. 😉
Pour le livre, c’est tout simple, j’ai été contacté début 2019 par celle qui est devenue mon éditrice par la suite. Tout simplement parce qu’elle a écouté un podcast de Régis Moscardini qui était sorti en fin d’année 2018. Donc pas de forçage à ce niveau. D’ailleurs, vous pouvez écouter encore ce podcast : Mickaël Bonnami – La photo de sport
Mais pour le podcast on peut considérer que c’est un peu du forçage. Je croisais Régis au salon de la photo chaque année et je m’entend bien avec lui et en 2017 il m’a proposé d’intervenir sur son podcast pour parler de photo de sport. Parce qu’il aime le sport et pour changer un peu de la photo de nature. J’étais ok et il devait me contacter pour arranger ça. Et ça ne s’est pas fait. Lors du salon de la photo 2018, on s’est revu et il m’en a parlé de nouveau et je lui ai dit que j’étais toujours chaud.
Sauf que cette fois, je l’ai relancé un peu après le salon pour être sûr que ça pouvait se faire parce que j’aimais bien l’idée et je trouvais que c’était un bon moyen de faire parler de la photo de sport et de mon travail. Et bingo, ça s’est fait assez rapidement et derrière mon éditrice est tombée sur ce podcast. 🙂
Et pour Empara, j’ai tout simplement été contacté en août 2021, tout simplement parce qu’ils cherchaient un photographe polyvalent et capable de transmettre son savoir. Comme j’avais déjà un livre chez Eyrolles, c’est assez naturellement qu’ils sont venus vers moi finalement. Donc pour le coup aucun forçage. Mais j’aurais pu leur proposer cette formation aussi, ça aurait été du forçage naturel pour moi et donc légitime.
Quand je présentais mon livre sur la photo de sport au salon de la photo et sur le stand d’Eyrolles, l’équipe Empara était passée voir plusieurs auteurs. Mais je n’ai pas eu cette chance à l’époque. 🙂
Cependant, j’aurais pu aller les voir pour leur parler et essayer de voir si je pouvais leur vendre cette formation sur la photo de sport que j’ai fini par faire.
Tout ça pour dire que je ne souhaite évidemment pas devenir un photographe forceur fake… Mais je fais partie de ceux qui parfois regrettent aussi de ne pas savoir forcer plus de portes pour les ouvrir. Cela dit quand ça s’ouvre finalement naturellement, tout se passe mieux et c’est très valorisant. Maintenant, pour en revenir juste aux exemples Empara et Eyrolles, ce sont aussi 2 portes qui auraient pu ne jamais s’ouvrir finalement…
Finalement, si j’ai fait cette formation Empara, c’est parce que j’ai accepté la proposition de Régis Moscardini pour un podcast en quelque sorte. 🙂
Conclusion
On pourrait basiquement se dire qu’être un photographe forceur c’est pas beau et tout vilain, mais c’est un peu plus compliqué que ça malheureusement.
Il faut savoir pousser des portes et assez fort pour pas se les reprendre en pleine gueule tant qu’à faire. 🙂
Maintenant, n’allez pas tomber dans l’excès et faire croire que vous êtes merveilleux non plus pour gagner en influence et briller de mille feux.
Je pense que sur la durée on ne peut pas être un photographe forceur fake, il y a toujours un moment où le soufflet retombe. Le problème, c’est les dégâts collatéraux que ça engendre. Comme pour ces mannequins et influenceuses qui se montrent que sous leur meilleur jour. Elles font croire indirectement à de jeunes filles qu’elles ne seront jamais à leur niveau de vie et de beauté.
A force de voir des grosses réussites ou supposées réussites, on fini par penser aussi qu’on ne peut rien faire en photo.
Faites votre petit chemin tranquillement et n’essayez pas de vous comparer ou de vous dire qu’untel ou untel à fait mieux que vous. Faites juste votre chemin à votre rythme, ce qui compte c’est d’avancer surtout !
Et si pour certaines personnes, je peux être potentiellement un symbole de réussite… sachez que ce n’est pas la photo en elle-même qui me fait vivre, mais la formation photo principalement. Et de toute manière je ne peux pas dire que j’en vis bien et j’ai une vie personnelle très compliquée depuis déjà 2 ans. Donc n’allez pas envier plus que ça ma situation par exemple. Ce n’est pas ce que j’essaye de faire au travers de mes partages ici ou sur les réseaux sociaux en tout cas.
Donc n’enviez rien des autres et que ça vous donne plutôt envie de faire de belles choses par contre, ça oui. 😉
Vous avez aimé cet article ? Inscrivez-vous dès à présent à la newsletter, pour être informé de la sortie des nouveaux articles sur le blog ! A très bientôt !
Pour reprendre ce qui a été dit, il y a plusieurs niveaux de forçage, celui pour vivre que l’on ne fait pas avec plaisir et le forçage professionnel qui est un art de vivre ! 😀
Donc dur de ne pas forcer si on veut avoir des retours, mais il faut savoir se mettre des limites, qui varient d’une personne à l’autre évidemment. 🙂
Hello 😉
Vaste sujet ^^
Peut on d’ailleurs en faire le tour correctement …. j’en doute.
Comme tu dis, c’est un sujet complexe et ambivalent.
A être gentil, trop gentil, humble, trop humble ….. on perd beaucoup.
Mais …… si l’on veut en vivre ( de la photographie ), je pense que le forçage est nécessaire.
Du moins rendu nécessaire, par le monde actuel, et ses valeurs – bizarres – ….
Peut on d’ailleurs vraiment parler de forçage ici, j’ai un ptit doute. J’y vois plutôt du – commercial -typé, voir lourd, etc ^^
La concurrence est rude ( ce milieu du photographe – pro – s’est énormément développé ) ….
Et ce développement m’amène à ….
L’autre monde du forçage …. celui qui me dérange plus ….
Les bradeurs, les vantards à outrance, les – Bisounours ( il y en a …. qui pensent être sincèrement doués ….. ), les mauvais ( j’entends par là, ceux qui enterrent, débectent la concurrence, pour passer ) ……. et encore plus quand ils sont mauvais.
A qui la faute ?
Ma foi … j’oserais dire, là encore, au système actuel …..
La naïveté, la – candidité – , voir …. j’vais être malpoli – l’idiotie – de certains clients potentiels …….
J’en parlais à une amie, qui se lançait …. Tu sais, bien souvent …. les clients sont heureux et satisfait d’avoir des photos nettes et pas coupées …….
Ils n’en demandent pas plus …
La cupidité et une espèce de capitalisme à outrance …. les prix bâclés pour passer à tout prix, justement, et malheureusement aussi les – blackeurs – ….. souvent pro, mais qui proposent sans facture, pour passer …
Le système les prend au piège ……. un peu comme les agriculteurs, avec la production à outrance, les produits, chimiques …..
Cupidité et félonie aussi, de certains clients ( je pense aux éditeurs entre autre ), qui tentent , encouragent le – don d’oeuvre -, pour mettre en avant ….. et où beaucoup plongent pour apparaitre, sans se rendre compte qu’ils se tirent une balle dans le pied pour la suite …. pour en vivre ….
On peut rajouter le soupçon de la simplicité de diffusion, actuelle ….
Les réseaux sociaux en tête.
Cela banalise beaucoup, trop ….. pour ne pas dire à mort ….
Les forceurs fakeurs, en tête, peuvent s’inventer un sérieux, une vie, etc ….
Et les – consommateurs – , gavés ….. font de moins en moins la différence, l’effort de chercher, analyser, etc, etc ….
Un presque monde de – moutons -, du moins de – gavés, assistés ….
Ce qui tire vers le bas …….
Vaste sujet au final … ^^
Je me permettrais aussi d’ajouter les passionnés …. dont j’estime faire parti.
La passion est parfois difficile à gérer avec le commerce et le capitalisme …..
Faut savoir raison garder, et bien gérer la chose …… au risque de s’y perdre …..
Sur le plan de la passion, mais également sur le plan financier ….
Au final ….
Faut il forcer ?
Oui, je le pense …
Mais raisonnablement, et intelligemment …..
Out les forceurs fakeurs ……. c’est une évidence ….
Mais ils prennent pourtant une place importante ….. par les clients.
En tout cas on voit que le sujet t’as motivé. 🙂
Clairement, oui.
On y baigne, on y confronté régulièrement à ce – soucis – ….
Ton article l’étale au grand jour, si je puis dire.
Motivant d’y réfléchir – ensemble -. 🙂
Cool tant mieux ! 🙂
Bonjour Mickaël, très bon article sur Comment avancer, évoluer sans se renier. Réussir ou échouer mais toujours pouvoir se regarder dans la glace.
Le principal surtout c’est de respecter les autres, n’ecraser personne.
Bonne continuation
Amicalement
Bernard
J’essaye, après est-ce que ce sera payant, j’en doute beaucoup. 🙂
Merci en tout cas. 😉
Je pense que de mon côté je suis trop « gentil » et que du coup ça me porte préjudice… Et côté photographe « forceur », je pense malheureusement en connaître. Quand je vois les photos de certains et là où ils disent avoir des contrats, j’ai des doutes ^^
Quand on est soft c’est difficile de trouver le bon degré de forçage malheureusement. C’est pour ça que c’est toujours les gentils qui souffrent de leur métier.
Les pourris vivent tout ça très bien. 🙂 🙂 🙂
Exactement ça ! Et c’est malheureusement le cas dans tous les domaines, pas seulement côté pro.
C’est pour ça que je n’ai même pas précisé la photo. 🙂
Bonjour. Lorsqu’une personne me dit qu’elle veut suivre une formation photo pour devenir photographe, je lui conseille toujours de commencer par une formation marketing/Force de vente et aussi informatique/réseau sociaux, animation de communauté, etc. Car sur 100 photographes de même niveau, celui qui s’en sortira, c’est celui qui sait se vendre, chercher des clients et valoriser ses prestations.
Maintenant le forçage ça existe depuis très longtemps. Qui n’a pas gonflé son CV 😉 Et comme tu le dis, le talent ne paye pas forcément. Le niveau d’exigence est en baisse. Je voyais récemment passer une publication d’un photographe « Pro » pour vendre des prestations style mariage, portrait. La photo est floue et mal éclairée. Je n’oserai même pas la publier. Le style de l’affiche fait plus « kermesse » que Photographe. Et le pire, c’est qu’il aura peut-être des clients qui seront contents de ses prestations.
Des photographes que se sur-vendent, oui j’en connais. Suis-je un de ceux-là ? Sûrement un peu. Mais comme je ne vends rien, je dirai que c’est limité. Je publie par exemple tous les 6 mois en toute transparence mes audiences.
Je n’ai jamais rien magouillé sur mon CV perso. Je suis plutôt du genre à en oublier plutôt qu’à me rajouter des légendes. Lol