Comment réaliser un circumpolaire ?

L’astrophoto, pour moi c’est une des composantes essentielles de la photo de nature !!! 🙂

Ça veut dire quoi circumpolaire ?

Il y en a qui ont fait du latin dans leur jeunesse ? Levez les mains que je vous vois !!! Enfin, dites-le moi dans les commentaires plutôt, parce qu’évidemment je ne vous vois pas actuellement. Du moins pas les personnes qui ont mis un scotch sur leur webcam. Vous flippez un peu hein ? 🙂 🙂 🙂

C’est bon, vous pouvez vous remettre à poil pour lire mon article, pas de stress. 🙂

Circum veut dire « autour » et polaire « pôle », donc circumpolaire veut tout simplement dire « autour du pôle ». Un circumpolaire consiste à prendre en photo des objets célestes qui tournent autour du pôle et donc de l’étoile polaire pour ce qui concerne l’hémisphère nord. Un certain nombre de constellations (groupe d’étoiles) sont circumpolaires dans notre ciel et on les voit toute l’année. La plus connue des constellations, la Grande Ourse, est circumpolaire. Cassiopée, très connue aussi, tourne aussi autour de l’étoile polaire sans jamais passer sous la ligne d’horizon.

Les autres constellations ne sont visibles qu’une partie de l’année, c’est pour cela que vous ne voyez pas le même ciel, mois après mois, en levant les yeux. 😉

Bon c’est bien beau le cours d’astronomie, mais on va aussi parler photo avant que vous ne projetiez de m’agresser physiquement. 🙂

Dans cet article, il y a vraiment un truc qui ne tourne pas rond… 🙂 🙂 🙂

C’est quoi un circumpolaire en photo ?

En photo, on va réaliser un circumpolaire d’étoiles en montrant, tout simplement, l’effet de la rotation de la Terre sur nos images. On a pour habitude de dire que les étoiles bougent dans le ciel. C’est faux !!! Bon ce n’est pas un scoop non plus, mais sachez qu’elles ne bougent pas du tout puisque c’est nous qui tournons à grande vitesse !!!

En réalité… si elles bougent les étoiles, mais vu les distances à laquelle elles se trouvent, pour nous c’est comme si tous ces corps célestes étaient fixes.

Bref, vous vous en êtes peut-être déjà rendu compte, par erreur, en réalisant une photo du ciel étoilé ou de la Voie Lactée, mais quand on met un temps de pose trop lent, les étoiles se transforment en petits traits. Plus le temps de pose est long et plus les traits sont longs.

Et bien pour réaliser un circumpolaire en photo, on va justement tenter d’avoir le temps de pose le plus long possible pour avoir les arcs de cercles les plus longs possibles. 😉

Et si on est un bon photographe (faudra un jour que j’écrive un article pour donner la différence entre un bon et un mauvais photographe), on va être assez fort pour placer au premier plan (ou ailleurs sur l’image) un sujet sympa pour embellir le tout. 😉

Tout comme dans les autres domaines photographiques, il faut bien choisir le sujet que l’on veut sublimer !

La tête dans les étoiles !

Le circumpolaire est un des sujets évoqués pendant mon stage photo Voie Lactée, parce que je sais que ça plait à beaucoup de monde et c’est assez formateur de s’essayer à ce type de prise de vue. Je ne peux que vous le conseiller.

De toute manière, dès que je peux vous amener à lever les yeux au ciel et vous rendre compte de l’immensité qui nous entoure, je le fais volontairement.

Donc je vous l’ai dis, la Terre tourne et au passage elle est plutôt sphérique et pas plate. Je rigole, mais c’est un fait, de plus en plus de personnes (pas qu’aux USA, en France aussi) pensent qu’en fait notre planète est plate et ça fait peur…

Si on vise l’étoile polaire sous notre latitude, qui est comprise entre 41° (sud Corse) et 51° (nord – Dunkerque), on va obtenir une étoile fixe et toutes les autres étoiles qui lui tourne autour. L’avantage au nord, c’est que l’étoile polaire (Polaris) est pile dans l’axe de rotation de la Terre !!! 🙂

Encore une fois, ce n’est pas tout à fait vrai… Elle est décalée d’environ 1° du vrai nord céleste, qui correspond à l’axe de rotation de notre planète, mais ça n’a aucune incidence pour un circumpolaire.

D’ailleurs au passage, vous savez de combien de degré l’axe de rotation de la Terre est incliné ? On est sur une inclinaison de 23° (quel beau nombre !) et quelques actuellement, mais ça bouge régulièrement et naturellement, mais aussi à cause de l’activité humaine néfaste… Rassurez-vous on ne va pas penchez d’un coup non plus, ça prend du temps et on est sur des modifications angles inférieures au degré.

Bref, si vous visez l’étoile polaire, vous visez le nord et donc l’axe de rotation de la Terre. Si vous ne deviez retenir qu’une chose, c’est cela !

Si vous avez de bons yeux, vous verrez l’étoile polaire tout en haut de la photo et elle n’est pas tout à fait dans l’axe de rotation, ce qui montre bien qu’elle n’indique pas totalement le vrai nord céleste.

Quel matériel pour réaliser un circumpolaire ?

Niveau matos, c’est assez simple ! Il vous faut un appareil qui a un mode manuel (réflex et hybride de préférence), un trépied, un objectif grand-angle et éventuellement une télécommande pour piloter votre boîtier. Pour cette dernière, qu’elle soit infrarouge, filaire ou sans fil peu importe. Faites avec ce que vous avez et si vous n’avez pas de télécommande, il existe d’autres solutions.

Vérifier sur votre manuel, mais il est possible que votre appareil photo possède un intervallomètre interne, notamment si c’est du Nikon. J’en ai un sur mon boîtier, mais comme je n’ai jamais pris le temps de voir comment ça marche et que je possède une télécommande sans fil très efficace et qui m’évite de bidouiller dans le menu… je m’en passe. 🙂

Le plus important ensuite sera de prendre des vêtements assez chauds pour résister à une nuit fraiche, voire froide si vous le faites en hiver. Ce que je ne peux que vous conseiller d’ailleurs, ne serait-ce que pour l’expérience atypique avec les sons de la nature dans une ambiance automnale ou hivernale. Sauf si vous êtes en zone urbaine bien sûr, là forcément niveau ambiance on est plus sur des coups de frein à main, des klaxon et des cris chelous au cœur de la nuit. Après si le froid ce n’est vraiment pas possible pour vous, rien ne vous oblige à rester juste à côté de l’appareil non plus puisque l’appareil travail seul, même si l’expérience est cool.

Pour ce qui est de l’objectif, vous n’avez pas absolument besoin d’un objectif lumineux, mais c’est toujours un plus pour éviter de monter trop haut dans les ISO. Concernant le trépied, il en faut un stable bien sûr, c’est très important. Si le vôtre est branlant, évitez les jours de vent et les sols pas ou peu stables.

Inutile d’avoir une tonne de matériel pour réaliser des circumpolaire, un trépied, un objectif et un boîtier suffisent !

La technique pour réaliser un circumpolaire

Je vous conseille de choisir une cible en journée pour repérer la zone en amont. Que ce soit un beau paysage, un moulin, un phare, une botte de foin ou tout ce que vous voulez. Réaliser un circumpolaire prend du temps, vous n’aurez pas l’occasion d’en faire 50 pendant une seule nuit. Surtout si vous tentez d’en faire en été, parce que les nuits noires sont très courtes… Donc raison de plus pour bien réfléchir à sa cible en amont.

Donc après repérage, il faut revenir un peu avant que la nuit tombe, histoire d’éviter des mauvaises surprises dans le noir complet. Installez-vous et faites votre plus belle composition avec votre sujet et la zone circumpolaire qui vous intéresse. Rien ne vous oblige à montrer des cercles complets dans le ciel en ultra grand-angle, vous pouvez montrer seulement des arcs de cercles derrière votre sujet et utiliser un téléobjectif plus ou moins grand.

Mieux encore, rien ne vous oblige à viser l’étoile polaire en fait. La Terre tourne et du coup c’est l’ensemble du ciel étoilé qui défile devant nos yeux tout au long de la nuit. Donc si vous visez le pôle nord céleste, vous aurez des cercles, si vous visez l’est ou l’ouest (zone de l’équateur), vous aurez à la fois les arcs de cercles du nord ainsi que ceux du sud. Mais ils ne convergent pas dans le même sens. Génial non ?

Il ne vous reste plus qu’à faire votre choix artistique, monter le boîtier sur le trépied et régler l’intervallomètre, qu’il soit interne ou externe. Je vous conseille de partir sur des pose de 30s pour avoir des traits sur chacune de vos photos, sans avoir une pose trop longue qui fait chauffer de trop le capteur. Pour le nombre total de poses, tout dépend de vos goûts surtout. Généralement, j’aime bien les comptes ronds et je pars sur un temps total allant de 30 minutes à 60 minutes en fonction de ma patience. Ce qui fait un total de 60 à 120 photos quand même. Mieux vaut en avoir trop que pas assez, parce que rien ne vous oblige à utiliser toutes vos photos si l’effet final ne vous plait pas tant que ça.

Attention aussi à ne pas laisser trop de temps entre chaque pose (3s max), sinon vous aurez des pointillés et non des traits pleins, ce qui casse vraiment l’effet du circumpolaire. Après, pourquoi pas aussi, si c’est un choix et que vous trouvez le moyen de mettre cet effet en valeur.

J’ai mis un peu trop de temps pour réaliser la photo où j’éclaire le tracteur et du coup on voit un trait tout seul à la fin de chaque ligne courbe qui montre ce décalage.

Il faut passer par la case post-traitement !

Vu que l’on va réaliser une multitude de photos avec des trainées d’étoiles et non une seule et unique pose de 1h par exemple, le post-traitement est obligatoire. Ne serait-ce que pour empiler toutes ces photos. Il existe plein de logiciels pour faire cet empilement, mais j’utilise StarstaX. C’est gratuit et simple à mettre en œuvre, l’idéal pour les gens qui comme moi n’aiment pas se prendre la tête sur Photoshop et compagnie.

Le logiciel nécessite un petit paramétrage pour fonctionner comme vous le souhaitez, mais rien de très compliqué rassurez-vous. Il vous demande vos photos et va les empiler pour vous d’un clic. Vous n’aurez de toute manière pas la main sur énormément de paramètres, mais il faudra probablement les faire varier en fonction des photos que vous entrez dans le logiciel et de l’effet final souhaité.

Attention aussi à bien traiter vos JPEG ou RAW en amont. Lors de vos prises de vue, sur des dizaines de minutes, vous avez de grandes chances d’avoir des trainées d’avions, des étoiles filantes, les fameux satellites Starlink et je ne sais quoi d’autre. Il est préférable de traiter toutes ses photos avant de lancer l’empilage ! C’est même la première chose à faire avant de s’embarquer dans l’aventure. Pour ma part, je fais tout ça sur DXO Photolab.

Une fois que vous avez paramétré le logiciel et chargé les photos, il suffit de cliquer sur le traitement et vous obtenez votre photo finale. Vous pouvez, si besoin, modifier les paramètres et relancer le traitement à volonté. Tant que vos photos sont chargées, il ne vous reste plus qu’à bouger les curseurs, ce qui évite de tout refaire à zéro à chaque fois.

Par contre, il vous faut un PC un minimum véloce, sinon le traitement peut prendre pas mal de temps… Et plus vous avez de photos et plus c’est long bien sûr. 🙂

Je traite d’abord toutes mes photos sur DXO pour enlever surtout toutes les trainées d’avion. On voit bien sur cet exemple que les étoiles ne sont pas des points mais bien des petits traits.