Pour ce second opus, je vais vous présenter un livre très différent du premier. Un livre qui fait la part belle à la photographie, un livre où il n’est point question d’apprentissage ou de technique, un livre… photo.
Je vous invite à me lire pour en savoir plus sur le livre de Jean-François Marsalle. 😉
Pourquoi avoir choisi ce livre pour cette rubrique ?
Tout d’abord, l’auteur du livre est un photographe Pyrénéen. Et j’adore les Pyrénées, c’est une excellente raison non ? De plus, ce livre a pour sujet le Grand Tétras : un oiseau mythique.
Pourquoi le Grand Tétras fait-il autant rêver les photographes ?
C’est avant tout un oiseau très discret et difficile à observer malgré sa taille imposante. Le Grand Tétras n’aime pas la présence de l’homme qu’il craint fortement… à raison. Dans les Pyrénées, on le chasse encore la saison venue…
Les populations de ce gallinacés sont en forte régression sur le territoire français. La cause première est le dérangement et ça inclut les chasseurs, les promeneurs ou encore… les photographes. Ces dernières années, le Grand Tétras à quasiment disparu de nos montagnes malgré des plans de sauvegardes. C’est dans les Pyrénées que l’on trouve les plus grandes populations de Grand Tétras, mais pour combien de temps encore ?
De grands photographes ont réalisé de magnifiques sujets sur cet oiseau et du coup suscité une envie folle auprès de nombreux collègues photographes. Ainsi le Grand Tétras, appelé aussi Grand Coq de Bruyère, est devenu un véritable trophée photographique dans de nombreux esprits. C’est une bonne chose parce que les photos permettent de sensibiliser le public sur les gênes occasionnées par l’homme. Mais d’un autre côté, beaucoup de gens, notamment des photographes, sont prêts à perturber les Grands Tétras pour ramener un cliché ou des souvenirs d’une rencontre forcée et malvenue…
Mais soyez rassurés, en feuilletant le livre de Jean-François Marsalle, vous pourrez côtoyer le Grand Tétras sans dérangement. 😉
Premières impressions
J’ai découvert par hasard l’existence de ce livre en feuilletant le magazine « Image et Nature« . Sans trop réfléchir, j’ai décidé d’acheter le livre en passant par le site de l’auteur. C’est d’ailleurs le seul moyen à ce jour pour se procurer le livre. Voici le lien direct pour passer commande :
Après un couac avec La Poste, j’ai enfin reçu mon exemplaire du livre avec un petit mot signé par l’auteur pour s’excuser du retard.
L’aspect extérieur du livre est propre et fait sérieux. J’aime beaucoup le format du livre et son épaisseur, on sait de suite qu’on a un beau livre entre les mains. La couverture montre le sujet mais garde un côté énigmatique intéressant qui invite le lecteur à en savoir plus sur le sujet. En dehors de l’imbroglio lors de l’envoi, la découverte du livre est plutôt satisfaisante.
Le cœur du livre
Galvanisé par cette bonne première impression, je me précipite sur les premières pages avec l’intention de parcourir le livre d’une traite. Hélas, je me retrouve stoppé net dès la préface…
Sa lecture est quelque peu compliquée par des phrases sans respiration et une narration qui n’a pas réussi à m’emporter.
M’attaquant ensuite au cœur du livre, je me rends vite compte qu’il y a peu de textes et une majorité de photos. Forcément, C’EST un livre photo. Cela dit, par goût personnel, j’adore lire des textes descriptifs que ce soit sur la technique ou l’histoire d’une prise de vue. Enfin bref, j’aime avoir du gras autour des photos.
En feuilletant le livre, on retrouve tout de même quelques écrits dont la qualité est particulièrement hétérogène. Ce qui est somme toute logique puisqu’on y retrouve différents auteurs. J’ai notamment apprécié l’anecdote « Sous le plancher » de la double page centrale. Cette histoire est plutôt bien écrite et sympa à lire. On ne peut que regretter que l’auteur du livre n’ait pas su mieux choisir les textes accompagnant les photos. Ce qui aurait pu être une véritable force ressemble parfois plus à de simples pages de transitions.
Les photos
Il est indéniable que l’auteur a du talent et qu’il a dû passer des centaines d’heures à chercher et photographier le Grand Tétras. Nombre de photographes n’auront même jamais la possibilité de photographier ce gallinacé, ne serait-ce qu’une fois dans leur vie.
Cela dit, je pense que le choix des photos n’est pas toujours judicieux et le format du livre semble être une contrainte à la mise en avant des clichés. Il s’agit d’un défaut que j’ai trouvé jusque là dans tous les livres photos que j’ai pu lire. La photo doit se plier au format d’un livre et c’est là que le bât blesse.
Beaucoup (trop ?) de photos sont de « simples » portraits avec le sujet centré. Là encore, c’est regrettable parce qu’on tombe parfois dans la catégorie « livre d’illustrations ». Bien évidemment, je mets un bémol à mon commentaire étant donné la difficulté du sujet choisi par l’auteur. Ce n’est pas un livre sur les oiseaux du jardin qui sont bien plus simples à approcher et photographier. Pour autant, j’aurais aimé voir plus de photos d’ambiance, de comportement et un peu moins de portraits.
D’ailleurs en parlant des oiseaux du jardins, on ne comprend pas pourquoi le second chapitre « Neige » se conclue par deux photos de passereaux… alors que le sujet du livre et les quatorze précédentes photos présentent des Tétras mâles et femelles… A la lecture du livre, on peut légitimement penser que l’auteur manquait de photos de Grand Tétras. Je pense que c’est plutôt un mauvais choix d’édition. On retrouve d’ailleurs plus loin dans le livre d’autres photos qui peuvent paraître hors sujet. C’est dommage parce que ces photos sont souvent d’excellente qualité.
Autre petite pointe de regret : le manque de légendes sur les photos. C’est une aide à la compréhension et selon moi un petit plus intéressant pour le lecteur. Et cela aurait certainement pu aider le lecteur à comprendre pourquoi, au fil des pages, on voit apparaitre des passereaux, un renard ou même un paysage.
Dans l’ensemble, les photos sont de bonne qualité et beaucoup de photographes envieront l’auteur sur ce point. J’aurais juste aimé qu’elles me fassent plus rêver, mais à défaut elle forcent tout de même mon admiration.
Les dernières pages
Et oui un livre on le lit jusqu’au bout ! D’autant qu’il y a beaucoup de photos et peu de textes, donc c’est la moindre des choses.
Cela dit, je ne sais pas si j’ai bien fait, parce que l’auteur m’a définitivement « agacé » au moment où j’ai posé mes yeux sur les dernières pages…
A quelques pages de la fin, on y trouve une petite pépite : le making-of. C’est une super idée et sa présentation sur une double page l’est tout autant. Mais pourquoi ne pas pousser cette idée jusqu’au bout avec une description un peu plus étendue des conditions de prises de vue par exemple ? Le lecteur ne serait que plus admiratif de la qualité des photos, s’il savait que l’auteur a bravé le froid et ses limites physiques dans sa quête photographique.
Je tourne la page frustré de ne pas pouvoir en savoir plus et là je tombe sur la présentation de l’auteur… A la fin du livre on apprend et on voit enfin qui est l’auteur… J’imagine que Jean-François Marsalle n’a pas voulu se mettre en avant en faisant ce livre, ce qui est tout à son honneur. Mais quel dommage de ne pas pouvoir poser un visage sur l’auteur du livre dès le départ.
Le coup de grâce cependant, je l’ai reçu quelques pages après… avec la postface. Le texte est excellent ! Il fait rêver et vous instruit sur la situation fortement menacée du Grand Tétras. L’auteur de ce texte n’est autre que Michel Munier, un naturaliste de premier plan, particulièrement actif dans la préservation du Grand Tétras. De plus, Michel Munier n’est autre que le père de Vincent Munier, une des figures de proue mondiale de la photo de nature.
A mon humble avis, ce texte mériterait absolument d’être en préface, non seulement parce qu’il est excellent et donne toutes les infos utiles, mais aussi parce qu’il est écrit par un personnage qui compte et facilement identifiable dans le monde de la photo de nature.
Conclusion
Le livre est assez inégal dans sa qualité, tantôt on y trouve de très bonnes choses et d’autres fois de moins bonnes. Ceci dit, si vous aimez la photo de nature c’est un livre qui se laisse dévorer. Ce livre est, semble-t-il, le premier de l’auteur, ce qui explique un certain nombre de choix parfois discutables.
Toutefois, pour une première c’est loin d’être un loupé malgré mes critiques. Si je me le suis permis, c’est justement parce que je pense sincèrement que l’auteur est passé à côté d’un livre bien plus fort encore. Une prochaine édition ou un tout nouvel opus pourrait être d’encore meilleure qualité. Je ne manquerai pas de l’acheter et de venir en parler ici. 😉
En attendant, si vous souhaitez comme moi vous procurer le livre, c’est ici :
Livre « Le Grand Tétras » – Jean-François Marsalle